Ainos (moderne Enez) Turquie

Enez, province d’Edirne

Ainos/Enez (ville thrace, grecque, romaine, byzantine, génoise, ottomane et turque en Méditerranée orientale, à la frontière de la Turquie avec la Grèce/UE) présente une occupation continue du promontoire situé entre le delta de l’Hèbre (Maritza/Meriç) et le littoral nord de la mer Égée qui pourrait remonter à ca. 6000 ans.

Pour comprendre le destin exceptionnel de cette ville, nous menons de recherches interdisciplinaires, dans le cadre de coopérations internationales, visant la reconstitution de l’évolution des paysages à l’embouchure de l’Hèbre.

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Partenaires institutionnels

AOROC - UMR8546-CNRS/ENS CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique DFG,  Deutsche Forschungsgemeinschaft, ENEZ- AINOS, Turquie Institut français d’Études anatoliennes, Istanbul MAE, Ministère des Affaires Etrangères, France Ministère de la culture, Ankara, Turquie PSL  - Paris Sciences et Lettres | université de recherche Université de Cologne Université de Göttingen Université de Kiel

Voir aussi la vidéo 3D«  Ainos 480 BC : hypothetical reconstruction of the SE Thracian coast at the beginning of the second Persian invasion of Greece »

Les partenaires

 Anca Dan, Michel Dabas : AOrOc, CNRS, ENS-PSL
 Mattéo Tanghe, infographiste freelance, AOrOc
 Şahan Kırçın, Sait Başaran : Ministère de la culture, Ankara, Direction des fouilles archéologiques et Musée d’Edirne.
 Helmut Brückner : Université de Cologne, Institut de géographie
 Wolfgang Rabbel,Ercan Erkul : Université de Kiel, Institut de sciences maritimes
 Lyudmila Shumilovskikh : Université de Göttingen, Département de palynologie et dynamique climatique

 SPP 1630 Harbours/Häfen de la DFG : The Thracian harbour city Ainos in Roman and Byzantine times - the development of a traffic hub in a changing environment.
- Legecartas du CNRS : LEctures GÉoarchéologiques des CARTes AncienneS (2017-2019)

Le projet

Par une comparaison critique des données obtenues lors des prospections géoélectriques et magnétiques, des dizaines de carottages géomorphologiques soumis aux analyses sédimentologiques et paléobiologiques et datés grâce au C14, et à la suite des fouilles archéologiques organisées annuellement par le Ministère turc de la culture avec le Musée d’Edirne, nous espérons, à terme, mettre à la disposition des chercheurs et du public un SIG 4D, avec une reconstitution aussi précise que possible de la topographie urbaine et périurbaine.

 H. Brückner, "Geoarchäologie - in Forschung und Lehre", in H.-R. Bork, H. Meller, R. Gerlach (eds.), Umweltarchäologie - Naturkatastrophen und Umweltwandel im archäologischen Befund. 3. Mitteldeutscher Archäologentag vom 07. bis 09. Oktober 2010 in Halle (Saale). Tagungen des Landesmuseums für Vorgeschichte Halle (Saale), 6, 2011, p. 9-20.

Le premier pas que nous avons fait dans cette direction, grâce aux projets SPP 1630 Harbours/Häfen de la DFG et Legecartas du CNRS, a été d’esquisser le paysage d’Ainos, en comparant

  1. au Chalcolithique (Ve-IVe millénaire av. J.-C.), quand les premiers hommes semblent s’être établis – du moins pour un certain temps – sur le futur site d’Ainos, alors une petite île proche d’un large golf au N de l’Égée ;
  2. à la fin de l’époque archaïque, entre le VIe et le Ve siècle av. J.-C., quand les Perses ont occupé la péninsule d’Ainos en poursuivant leur avancée depuis l’Éolide ; avec d’autres cités nord-égéennes, Ainos s’en est libérée en se tournant dans le deuxième quart du Ve siècle av. J.-C. vers Athènes, avec laquelle elle entretenait déjà des liens commerciaux importants ;
  3. au début de l’époque romaine impériale, quand Strabon et ensuite Pline l’Ancien ont rédigé les premières descriptions (préservées en partie jusqu’à nous) des embouchures du fleuve Hèbre et de la ville qui les dominait ;
  4. à la fin du XVIIIe siècle, quand le Comte de Choiseul-Gouffier a réalisé les premières mesures géographiques indispensables à une carte moderne, dans la Turquie d’Europe.

Ces propositions de reconstitution de l’environnement d’Ainos restent largement hypothétiques et provisoires, même si elles s’appuient sur l’analyse exhaustive des textes et des cartes antiques et modernes, sur les découvertes archéologiques des fouilles turques (auxquelles Sait Başaran a participé chaque année depuis 1978, les dirigeant à partir de 1993), ainsi que sur des résultats géoarchéologiques obtenus les équipes d’Helmut Brückner et de Wolfgang Rabbel depuis 2011. L’exercice s’avère toutefois utile car, en plus de nous obliger à mettre en une forme accessible les connaissances acquises, il nous invite aussi à combler des lacunes – par exemple pour articuler les voies maritimes, fluviales et terrestres assurant la connectivité d’Ainos, pour reconstituer son approvisionnement en eau ou ses frontières, à l’interface des espaces thrace et égéen.

Les outils

Pour reconstituer les cartes des différentes périodes, Michel Dabas et Mattéo Tanghe ont utilisé les logiciels Qgis et Global Mapper , qui leur permirent de greffer sur l’élévation actuelle les résultats géoarchéologiques fournis par Helmut Brückner et les données historiques d’Anca Dan. La mise en page de ces cartes a été réalisée avec Inkscape. Pour passer de l’image 2D fournie par les satellites à la 3D, Mattéo Tanghe a appliqué la technique heightmap aux couches SRTM (Shuttle Radar Topography Mission) de la NASA et de la NGA. Grâce au logiciel Unreal Engine, cet environnement 3D a été complété par des textures inspirées de la reconstitution de la végétation, par Lyudmila Shumilovskikh. Pour la mise en scène hypothétique de la situation d’Ainos en 480 av. J.-C., au début de la Seconde guerre médique, des objets (bateaux, routes) ont été créés avec Blender et montés dans une première vidéo expérimentale avec Kdenlive.

Bibliographie

 S. Başaran, “Zum Straßennetz um Ainos”, P. Scherrer, H. Täuber, H. Thür (eds), Steine und Wege. Festschrift für Dieter Knibbe zum 65. Geburtstag, Wien, 1999, p. 343-348.
 S. Başaran, Enez (Ainos), Istanbul, 2011.
 A. Yeşil, A. Uzun, S. Başaran, A. Aksu, Enez. Its Natural, Cultural, and Turistic Beauties, Istanbul, 2017.
 Th. Schmidts, M.M. Vučetić (eds), Häfen im 1. Millennium AD : bauliche Konzepte, herrschaftliche und religiöse Einflüsse ; Plenartreffen im Rahmen des DFG-Schwerpunktprogramms 1630 “Häfen von der Römischen Kaiserzeit bis zum Mittelalter” im Römisch-Germanischen Zentralmuseum Mainz, 13.-15. Januar 2014, Mainz, 2015.
 M. Seeliger, A. Pint, P. Frenzel, P.K. Weisenseel, E. Erkul, D. Wilken, T. Wunderlich, S. Başaran, H. Bücherl, M. Herbrecht, W. Rabbel, Th. Schmidts, N. Szemkus, H. Brückner, « Using a Multi-Proxy Approach to Detect and Date a Buried part of the Hellenistic City Wall of Ainos (NW Turkey) », Geosciences, 8.20, 2018, 357, https://doi.org/10.3390/geosciences8100357.
 M. Schwardt, D. Köhn, T. Wunderlich, D. Wilken, M. Seeliger, Th. Schmidts, H. Brückner, S. Başaran, W. Rabbel, « Characterisation of silty to fine‐sandy sediments with SH‐waves : full waveform inversion in comparison to other geophysical methods », Near Surface Geophysics 18.3, 2020, 217-248, DOI : 10.1002/nsg.12097.
 A. Dan, S. Başaran, H. Brückner, E. Erkul, A. Pint, W. Rabbel, L. Shumilovskikh, D. Wilken, T. Wunderlich, « Ainos in Thrace : Research Perspectives in Historical Geography and Geoarchaeology », Anatolia Antiqua 27, 2019, 127-144.
 A. Dan, S. Başaran, H. Brückner, E. Erkul, A. Pint, W. Rabbel, L. Shumilovskikh, M. Tanghe, D. Wilken, T. Wunderlich, « Nouvelles recherches historiques et géoarchéologiques à Ainos : pour une première restitution graphique de la ville et du territoire antique », dans « Bulletin de la société française d’archéologie classique (XLX, 2018-2019) », Revue archéologique 69, 1/2020, 141-191 (p. 152-162).